Historique du Gersa

Le Gersa - Groupe d’Etude et de Recherche Scénologique en Architecture - est issu en partie du cycle de formation Scénographe DPEA, habilité continûment sous différentes formes depuis 1984, date de la création à Clermont-Ferrand de cette formation supérieure spécialisée à la profession de scénographe. Il réactive un groupe de recherche créé en 1990 à l’Ecole d’architecture de Clermont-Ferrand, sous le nom de GERSA.

Des activités de recherche appliquée ont été menées à partir de 1986 parallèlement aux activités de formation. Ainsi, un Inventaire des lieux scéniques en Auvergne a été réalisé en 1991[1]. Cet inventaire a constitué une base de données et une méthodologie qui ont servi de modèle à d’autres études de ce genre effectuée à l’initiative de Régions et de Directions Régionales des Affaires Culturelles, comme en région Centre, en région Pays de la Loire, ou en Poitou-Charentes. Par ailleurs, Marcel Freydefont, responsable scientifique de la formation spécialisée et directeur scientifique du GERSA, a publié en 1996 un inventaire des réalisations en matière d’architecture des lieux scéniques en France de 1980 à 1995 afin de dresser un panorama le plus complet et significatif possible, placé dans une perspective historique plus large (1945-1995) et de procéder à une synthèse des grandes tendances[2].

Le Groupe d’Etude et de Recherche Scénologique en Architecture (GERSA) a été créé en 1990, et a été associé à l’activité de formation, constituant de fait un Département scénologie. Le Conseil scientifique du GERSA a regroupé de 1990 à 1999 Daniel Rabreau, professeur d’Histoire de l’art à l’Université de Paris I Panthéon Sorbonne, Luc Boucris alors chargé de cours à l’Université de Grenoble I (actuellement professeur d’études théâtrales à l’Université Paul-Valéry à Montpellier), Michel Corvin, professeur d’esthétique théâtrale à l’Université de Paris III-Institut d’Etudes Théâtrales, Guy-Claude François, responsable de la section Scénographie à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs à Paris ainsi que Marcel Freydefont et Dominique Troisville enseignants à l’EACF. Lors de cette première phase d’activité du GERSA, les thèmes de recherche se sont concentrés sur l’étude de la parenté de l’architecture et de la scénographie, en privilégiant deux axes : un axe historique avec des études sur l’architecture théâtrale et la scénographie en Europe de 1414 à nos jours ; un axe théorique et esthétique avec des études sur les conditions spatiales de la représentation théâtrale et cinématographique. De 1991 à 1993, le GERSA a réalisé un contrat de recherche pour le Bureau de la Recherche Architecturale intitulé L’architecture comme le théâtre, un domaine commun : la scénographie[3].

En 1992, le Département scénologie (à travers le GERSA) a conduit avec le Plan urbain un séminaire de recherche sous l’intitulé Scénographie et espaces publics[4] qui s’est tenu à Paris. Cette action a été prolongée par le colloque de Cerisy en 1994 Prendre place, espace public et culture dramatique. En 1992, le Département scénologie a participé à la conception et à l’élaboration d’une exposition itinérante coproduite par le Centre Georges Pompidou et l’EACF, sur une idée et dans une scénographie de Guy-Claude François, avec le commissariat de Marcel Freydefont, Dramaturgie/Scénographie, les mots et la matière. Dix scénographies pour Hamlet de Shakespeare, présentée à Paris, Avignon, Lisbonne, Clermont-Ferrand, Pézenas, Mulhouse, Villeurbanne. Cette exposition a été restaurée par la Maison de la Culture de Loire-Atlantique et présentée en 2003 à Nantes, puis à Bar le Duc en 2004. Elle a vocation à être présentée de façon permanente dans la nouvelle école d’architecture construite sur l’Ile de Nantes dans la mesure où elle constitue un outil pédagogique de base sur l’histoire de la scénographie contemporaine à destination des étudiants en scénographie, en architecture, et du public scolaire.

En 1993, le Département scénologie a assuré la direction scientifique du colloque organisé au Puy en Velay par Athéna, association de développement du théâtre en Auvergne, Quel avenir pour les théâtres historiques ? Problèmes architecturaux et scénographiques, problèmes financiers[5]. Marcel Freydefont a publié un article de synthèse sur cette question intitulé Histoire des théâtres et théâtres historiques, regain, cendre et braise[6].

La formation professionnelle spécialisée présentement dénommée Scénographe DPEA a été transférée à l’Ecole d’architecture de Nantes en 1999. Elle s’est développée avec le souci de mettre l’objectif de formation en perspective avec des actions spécifiques attachées à un objectif de recherche. Cet objectif de recherche a été relancé avec la préfiguration en 2003 d’un Institut Européen de Scénographie. Dans ce cadre a été organisé en 2003 à Louvain la Neuve, à Nantes et à Montpellier un colloque. Ce colloque consacré à la situation des Arts de la scène dans leur relation à la Scène des arts est fondé sur un constat : le mixage des arts affirmé, le désir de « prendre l’air » en échappant aux formes connues et reconnues ne sont plus le fait d’une avant-garde. Bousculant les légitimités et les conventions, le théâtre, la danse, le cirque, les arts de la rue, les arts technologiques empruntent l’un à l’autre principes esthétiques et modes de fonctionnement. La réflexion a été placée sous un vocable unique : celui de territoire, pris au sens physique et métaphorique, désignant ainsi une problématique centrale. Quel espace, c’est-à-dire à la fois quels plateaux et quelle place pour toutes ces démarches ? Le colloque a développé cette problématique en trois temps. Le premier temps, à Louvain, prenait acte de ces brouillages de frontières en se mettant face à l’inédit de démarches singulières qui en affirment la nécessité. Le deuxième temps, à Nantes, a mis la scène et le plateau au centre des préoccupations. Ce faisant, en abordant ces données spatiales par le biais des limites, de l’horizon, des découvertes, des découpages qu’elles opèrent et des effets de localité qu’elles produisent, il s’est agi de chercher à en savoir un peu plus sur ces espaces que l’on voudrait indéfinis, et qui, pourtant, au fil de son usage, se constituent en territoire singulier ou commun. Un troisième temps, à Montpellier, a été consacré aux indices de formes hybrides signalant l’émergence de nouvelles identités possibles . Après Le Lieu, la scène, la salle, la ville, consacré aux relations entre dramaturgie, scénographie et architecture à la fin du XXème siècle, la revue Études théâtrales [7] a placé à nouveau l’espace et la scénographie au centre de ses réflexions, en publiant les actes de ce colloque. Ce projet de nouvelle équipe de recherche se définit également en relation principalement avec le domaine d’études Projections architecturales (deuxième cycle conduisant au diplôme d’Etat d’architecte) au sein de l’ENSA Nantes. Elle a vocation à accueillir d’autres enseignants intéressés par le thème de recherche.


[1] Lieux scéniques en Auvergne, théâtres, salles de spectacle, salles polyvalentes, salles des fêtes. Athéna, Clermont-Ferrand 1991.
[2] Jean Chollet, Marcel Freydefont, Lieux scéniques en France 1980-1995 – Quinze ans d’architecture et de scénographie. Editions AS Scéno+ Paris, 1996.
[3] Lettre de commande n° 83831 du 13.09.91 – Recherche publiée en 1993
[4] Scénographie et espaces publics/les lieux de la représentation dans la ville , secrétariat permanent du Plan urbain, Paris, juin 1993
[5] Les théâtres historiques, revue Actualité de la scénographie, n° 65, 1993 et n° 67, Paris 1994
[6] Marcel Freydefont Histoire des théâtres et théâtres historiques, regain, cendre et braise, revue Monumental n°9, direction du patrimoine, Paris 1995
[7] Revue belge adhérente à l’association internationale des revues scientifiques et culturelles qui est rattachée au Centre d’Etudes Théâtrales de l’Université catholique de Louvain la Neuve